Aujourd'hui l'économie - Liban: dans l’attente d’un gouvernement, l’économie prend l’eau
Pas de sortie de crise en vue au Liban où les manifestants anti-système continuent d'exiger la mise en place d'un gouvernement composé de ministres indépendants. Les consultations parlementaires pour y parvenir ont été reportées à la semaine prochaine. D'ici là, le sort du pays sera au coeur, ce mercredi 11 décembre, d'une réunion du Groupe international de soutien au Liban. Ces soutiens internationaux, le Premier ministre démisionnaire Saad Hariri les a appelés au secours ce week-end. Car ce qui reste de l'économie libanaise s'enfonce de jour en jour.
Ce qui affecte directement le quotidien des Libanais, c'est l'état des banques en cette crise des liquidités, une réalité avant le déclenchement du mouvement mais qui s'est encore aggravée. Les files d'attente devant les banques font de nombreux déçus jour après jour. Les retraits en dollars sont limités, voire impossible selon l'affluence.
Ces restrictions sur les devises menacent les importations dont le pays est fortement dépendant. Et même les réserves stratégiques en céréales, carburant et médicaments s'alarment les importateurs. Bien sûr, cela fait son effet sur la livre libanaise qui s'échange à 2 000 pour 1 dollar dans les bureaux de change alors que la parité était de mise jusqu'ici.
De nombreuses entreprises confrontées à des factures impayées ou l'impossibilité elles-mêmes de se fournir en devises, réduisent voire cessent leur activité. D'après une étude de l'institut Infopro citée par le journal local L'Orient le jour, 22 % des entreprises interrogées ont été contraintes de réduire leurs effectifs de plus de la moitié depuis le début du mouvement de contestation. Beaucoup ont réduit les salaires. Au total, 160 000 emplois auraient été affectés, surtout dans le commerce.
Conséquences sociales déjà visibles
La semaine dernière, on a déploré plusieurs suicides ou tentatives de suicides que les proches des victimes attribuaient à la perte d'un emploi ou l'absence de perspectives. L'un d'eux a tenté par le feu de mettre fin à ses jours, en pleine rue. Il faut rappeller que 30 % de cette jeunesse est déjà frappée par le chômage au Liban. Un tiers des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté.
L'impasse politique et économique en incite beaucoup à songer à l'exil quand ils en ont les moyens. Au-délà des statistiques, il y a cette économie du secteur informel dont on ne peut que deviner qu'elle souffre elle aussi.
Paris appelle à la formation d'un gouvernement « efficace et rédible »
Les autorités françaises qui avaient accueilli il y a un an la CEDRE, la conférence économique pour le développement du Liban par les réformes, y voient l'occasion d'affirmer le soutien international à la stabilité du Liban, tout en appelant à la formation d'un gouvernement. Mais d'un gouvernement « efficace et crédible » précise le Quai d'Orsay dans son communiqué. Car la pression de la rue est toujours là, qui exige de voir enfin les réformes promises année après année.
Réformes préalables au déblocage de l'aide internationale
Les 11 milliards de dollars promis lors de CEDRE en 2018 n'ont jamais été versés faute de restructuration du système : sa dette faramineuse, ses services publics défaillants, sa fiscalité inexistante, sa corruption. L'ironie, c'est que ces derniers jours, de gigantesques intempéries montrent l'ampleur du désastre. On peut voir les images sur les réseaux sociaux et à la télévision : des égouts débordants font dériver les voitures le long des rues, tandis que certains habitants optent pour le canoë comme moyen de transport. Et Saad Hariri, dont la foule a obtenu la démission mais qui gère les affaires courantes, en appelle à l'aide des amis du Liban. C'est dans ce contexte ultra-tendu, où il faut à la fois sauver un pays de l'effondremnet tout en exigeant plus que jamais des changements, que se tient cette réunion.
Aujourd'hui l'économie - Un vent de réformes souffle sur les retraites dans le monde
C'est la semaine de vérité pour la réforme des retraites en France. Le gouvernement d'Édouard Philippe devrait enfin dévoiler cette semaine les contours du projet de retraite universelle à points. Un projet qui inquiète les Français dont beaucoup se sont mis en grève depuis jeudi dernier, craignant de voir leurs droits réduits. Ce système, ils y tiennent d'autant plus qu'il est globalement l'un des plus favorables parmi les pays de l'OCDE.
C'est l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques elle-même qui le dit dans un classement dévoilé la semaine dernière le panorama des pensions 2019.
En France, sans prendre en compte les disparités internes, les travailleurs partent plus tôt à la retraite, conservent une bonne partie de leurs revenus d'activité et sont moins exposés à la pauvreté. Ce qui ne veut pas dire que le système n'a pas besoin de réforme. L’OCDE préconise de mieux accompagner le vieillissement de la population.
S'il y a une chose que le débat sur la réforme des retraites en France nous apprend, c'est qu'aucun modèle n'est parfait en soi.
Pour prendre l'exemple de l'Europe, il y a autant de modèles que de pays.Tous les États ont opté pour un système obligatoire par répartition où les actifs financent les pensions, en les complétant par un système par capitalisation où chacun cotise pour lui-même.
Ensuite, pour le calcul des pensions, trois options sont généralement choisies. La première correspond à un régime en annuités où l'on considère le salaire de référence, la durée de cotisation et l'âge de départ.
Seconde option : le système à point où la retraite dépend de ce que valent des points accumulés au long de la carrière. C’est ce qu'on a en Suède et c'est ce qui est envisagé pour la réforme en France. Mais on l'a vu, les effets pervers sont visibles dans le taux de pauvreté chez les plus de 65 ans qui est alarmant en Suède.
Troisième option enfin : les comptes notionnels. Cela revient à accumuler un capital - virtuel - tout au long de sa carrière, qui est converti lors de la retraite.
Mais le casse-tête est le même pour tous les États : maintenir le plus de gens au travail tout en garantissant une pension minimum.
Face au vieillissement général de la population, l'âge de départ à la retraite est quasiment partout relevé pour pouvoir assurer le financement du système à l'avenir. En France, syndicats et gouvernement se déchirent sur l'opportunité d'établir un âge pivot de 64 ans en deçà duquel on verrait le montant de sa retraite baisser.
Ailleurs, on légifère pour repousser l'âge de départ effectif. 18 États de l'UE ont décidé de le faire dans les années à venir. En Belgique, l'âge légal passera à 66 ans en 2025. Pareil au Royaume-Uni dès l'an prochain. Aux Pays-Bas, dont le système de retraites est qualifié régulièrement de meilleur au monde, l'âge de départ évolue en fonction de l'espérance de vie. Bref, partout on incite les gens à travailler et à cotiser davantage.
Et c'est le cas ailleurs dans le monde. Le Brésil a bouclé dernièrement une réforme des retraites compliquée.
Le géant d’Amérique latine a mis deux décennies à le faire. Le gouvernement populiste de Jair Bolsonaro a instauré pour la première fois de l'histoire du pays un âge minimum de départ à la retraite à 65 ans. Une réforme qui n'est pas allée sans résistance et qui doit permettre d'aider à combler son immense déficit public.
Le Chili, qui a donné son nom à un modèle vanté par la Banque mondiale, a soif de réforme. Une partie des cotisations du régime de base obligatoire se fait par capitalisation et est gérée par des sociétés privées. Il est aujourd'hui remis en cause pour n'être pas assez performant et le président Piñera a promis de le réformer.
Au Japon, le défi est immense. L'espérance de vie y est la plus importante au monde et les taux de natalité et d'immigration sont très bas. Là-bas, les réformes se font très progressivement pour inciter à travailler et à cotiser plus. Pour les États africains, beaucoup ont hérité du système de retraites des anciennes colonies, lequel n'a pas prospéré comme espéré parce qu'il implique que la grande partie de la population travaille et cotise.
Comme on le sait, dans beaucoup de pays africains, non seulement l'informel domine l'économie, mais la confiance dans les institutions n'est pas toujours au rendez-vous. Conséquence : 10 à 20 % de la population d’Afrique subsaharienne seraient cotisants ou toucheraient une retraite.
Certains États comme le Maroc et la Côte d'Ivoire ont revu complètement leur système pour l'assainir et l'adapter aux réalités du monde du travail. D'autres comme l'île Maurice ont appliqué les préconisations de la Banque Mondiale en instaurant un régime d'allocation minimale pour les retraités les plus pauvres.
Aujourd'hui l'économie - Pourquoi la réforme des retraites suscite la défiance des Français?
La France se prépare à un jeudi noir, avec la grève contre la réforme des retraites. Pourquoi cette réforme suscite-t-elle autant de défiance alors que le détail du texte n'es pas encore connu ?
Ses conséquences sonnantes et trébuchantes sont encore très incertaines et cela explique en partie la répulsion que suscite une réforme dont le principe, une retraite universelle et plus juste est plutôt alléchant. Car c'est bien une petite révolution qu'a proposé Emmanuel Macron pendant la campagne de la présidentielle : que la même cotisation donne droit à la même retraite. La réforme avantagera les travailleurs précaires. Ceux qui cumulent les petits CDD (contrats à durée déterminée, ndlr) cotisent aujourd'hui comme les autres mais ne voient pas ce temps de travail haché reconnu à sa juste valeur dans le calcul des trimestres qu'il faut cumuler pour obtenir une retraite à taux plein. En instaurant une retraite plancher à 1 000 euros la réforme bénéficiera également à tous ceux qui ont des pensions très faibles comme les agriculteurs et les commerçants.
Cette réforme qui se veut équitable implique la fin d'un patchwork des 42 régimes existants
Parmi ces 42 régimes, une bonne moitié est beaucoup plus favorable que le régime général des salariés couvrant 80% des personnes travaillant en France. Ces 22 régimes dits spéciaux permettent de partir plus vite et souvent avec des pensions plus élevées que celles du régime général. On comprend donc aisément que les bénéficiaires, les cheminots, les employés d'EDF par exemple, soient particulièrement hostiles à la réforme. Car c'est bien la promesse d'une retraite précoce et d'une indemnisation décente qui a motivé leur carrière au sein de ces grandes entreprises publiques. Ils forment les bataillons les plus déterminés des opposants. Même détermination des professions libérales comme les kinés ou les avocats qui cotisent aujourd'hui beaucoup moins que les autres.
D'autres métiers sont aussi très remontés, comme celui des enseignants
Car la réforme à l'état brut sera dévastatrice pour le calcul de leur pension. Pour éviter leur paupérisation, il est impératif de revaloriser leurs traitements, le gouvernement a promis de prendre en compte leur situation mais sa méthode inquiète. Les enseignants redoutent qu'on leur demande d'abord de travailler plus pour gagner plus, comme l'a laissé entendre le président. De quoi révulser une profession déjà à fleur de peau avec les réformes menées au pas de charge par le ministre de l'éducation. La coagulation d'un malaise pré-existant avec la réforme aux conséquences encore indéfinies pour l'avenir génère naturellement de l'opposition. C'est vrai pour les profs comme pour les personnels de santé, épuisés par le manque de moyens de l'hôpital public, ou pour les cheminots traumatisés par l'évolution récente de la SNCF.
Est-ce que l’âge du départ à la retraite est un enjeu de la réforme ?
La réponse est floue pour le moment, et vous connaissez le dicton, quand c'est flou c'est qu'il y a un loup. Emmanuel Macron avait promis de ne pas toucher à l'âge de départ en retraite, actuellement 62 ans, sauf que le Conseil d'Orientation des retraites a parasité la réforme en publiant des prévisions très pessimistes sur l'explosion du déficit des régimes de retraite dans un futur proche, 2025. Une donnée incontournable: les retraités vivent de plus en plus vieux, ils sont donc de plus en plus nombreux tandis que le nombre des actifs payant leurs pensions évolue moins vite. Faut-il repousser l'âge de la retraite pour rétablir l'équilibre? La question n'a pas été tranchée, publiquement en tout cas, de quoi inquiéter et donc mobiliser l'ensemble des salariés, quel que soit leur régime actuel.
EN BREF
L'économie sud-africaine s'est à nouveau contractée au troisième trimestre. -0,6% selon les chiffres publiés hier. C'est la deuxième fois cette année que le PIB sud-africain recule, l'économie la plus développée du continent est durement affectée par les déboires de sa compagnie d'électricité Eskom. Elle échappe de justesse à la récession qui est déclarée quand deux trimestres négatifs sont consécutifs.
Un nouveau contrat pour Airbus, à la barbe de Boeing. La compagnie américaine United Airlines commande 50 Airbus A321 XLR afin de remplacer des Boeing. Ce nouveau modèle présenté par Airbus au dernier salon du Bourget est un appareil intermédiaire, il n'a pas d'équivalent dans le catalogue du constructeur américain. Deux autres compagnies américaines Jet Blue et American Airlines ont déjà commandé ce nouvel appareil.
Aujourd'hui l'économie - Le Sahel est-il encore une région attractive pour les entreprises françaises?
Les entreprises françaises peuvent-elles participer au développement de cette région frappée par le terrorisme ? Envisagent-elles de quitter cette zone ? Voilà quelques-unes des questions qui se posent au quotidien pour les petites et grandes entreprises toujours présentes dans la région.
Aucune entreprise n'a, pour le moment, remis en cause son activité sur place. Rien à voir avec la crise ivoirienne de 2010. Les chefs d'entreprises invités au séminaire organisé, hier, lundi 2 décembre, par les conseillers du commerce extérieur français pour discuter de la situation dans les pays du G5 Sahel ne se posent même pas la question. Cette conférence préparée conjointement avec l’Institut des hautes études de la défense nationale s'est déroulée à l'École militaire. La proximité affichée avec les forces armées françaises s'explique surtout par le fait que ce sont bien souvent des retraités de l'armée qui assurent à titre privé la sécurité de ces entreprises.
C'est à ce prix qu'un groupe comme Géocoton continue de travailler avec des millions de paysans dans la région, ou que le logisticien Bolloré sort bon an mal an la marchandise et livre les compagnies minières, ou qu'une entreprise intermédiaire du bâtiment continue à construire des ponts dans la zone, dans un environnement « dégagé », dit ce chef d'entreprise, car la concurrence se fait de plus en plus rare, au Sahel.
Impossible toutefois de faire des généralités, la situation sécuritaire est certes compliquée au Mali ou au Burkina, mais elle est meilleure au Niger, et plutôt bonne en Mauritanie.
Les entreprises sont-elles prêtes à investir davantage sur place ?
« On reste, dit l'un d'eux, mais il ne faut pas rêver et imaginer que des investisseurs vont arriver dans le contexte actuel ». « Si vous n'y êtes pas encore, évitez », ajoute le haut dirigeant d'un groupe du CAC 40. Ce ne sont pas tellement les surcoûts liés à l'insécurité qui sont décourageants mais surtout les problèmes de gouvernance: les tracasseries douanières ou encore la pression fiscale. Étant donné la très faible capacité des États à faire rentrer l'impôt, les rares entreprises dûment enregistrées sont plus largement ponctionnées. Et puis beaucoup de ces chefs d'entreprise gardent en mémoire les déboires de l'ex société cotonnière Dagris en Afghanistan encore en guerre. Elle revient dans ce pays en 2004 alors que le président fraîchement élu ne contrôle qu'une partie du territoire. Quand elle est privatisée et cédée à Géocoton en 2008, les activités afghanes sont immédiatement liquidées.
Quel rôle les entreprises françaises aspirent-elles jouer dans le développement de la région ?
Certaines estiment que c'est leur devoir. À l'égard de leurs employés locaux. Et c'est aussi le voeu de la plupart. Parce qu'elles sont convaincues du potentiel de l'Afrique sahélienne. Elles souhaitent vivement être associées au plus près aux projets portés par l'alliance Sahel. Cette plate-forme de bailleurs dispose de ressources énormes. Mais encore peu employées. En raison de la lenteur des procédures légales, et aussi parce que l'Alliance préfère prendre son temps pour mettre en place des projets réellement efficaces. Son obsession : éviter les erreurs de l'Afghanistan où la centaine de millions de dollars déversée a enrichi des opportunistes, et peu profité à la population. Le défi au Sahel est donc de réaliser des projets de proximité, avec des bénéfices immédiats pour les habitants. L'agriculture en général, l'élevage en particulier, la richesse ancestrale de la zone sahélienne, fait partie des secteurs que l'Alliance cherche à valoriser, pourquoi pas avec le concours des entreprises privées.
EN BREF
L'info de la nuit: le champagne, le fromage ou les sacs à main fabriqués en France sont menacés de lourdes taxes aux États-Unis. C'est la mesure envisagée par le bureau du représentant américain au commerce en représailles à l'impôt sur les sociétés numériques appliqué par Bercy. Des surtaxes massues, elles pourraient aller jusqu'à 100%, soit doubler le prix de ces marchandises. On parle de 2,4 milliards de dollars de droits supplémentaires. L'administration américaine se donne jusqu'à la mi-janvier pour appliquer ou pas ces taxes punitives. Paris n'a pas l'intention de céder.
En Italie deux grands quotidiens, la Stampa et la Repubblica dans l'escarcelle de la famille Agnelli. La dynastie propriétaire de Fiat Chrysler rachète 43% des parts du groupe Gedi détenant les deux journaux aux de Benedetti, une autre grande famille du capitalisme transalpin. Les Agnelli sont déjà propriétaires de l'hebdomadaire britannique The Economist.
Aujourd'hui l'économie - Venezuela: le patronat en quête d’appuis à l’étranger
Toujours pas d’issue politique en vue au Venezuela où la population endure une grave crise humanitaire et économique. Pour sortir de cette impasse, le patronat vénézuélien cherche des appuis à l'étranger. Son président achève ce lundi à Paris une tournée de quelques jours en Europe.
Ricardo Cusanno, le président de la Fedecamaras, quitte ce lundi la capitale française avec le bon espoir de revenir rapidement. Il a été agréablement surpris par l’intérêt pour son pays exprimé par le Medef et par les entreprises françaises rencontrées. Quasiment tous les grands groupes français ont conservé des bureaux à Caracas, mais leur activité est aujourd'hui en sommeil, témoigne Jérôme Lellouche, le conseiller du commerce extérieur qui accompagne Ricardo Cusanno dans l'étape française de sa tournée européenne.
Le président du Medef vénézuélien s’est aussi rendu en Italie, en Espagne, et à Genève en Suisse pour reprendre langue avec les organisations internationales, l’Office des migrations, l’OMC et l’Organisation internationale du travail. Son combat : trouver des partenaires institutionnels et privés pour diversifier l’économie en s’inspirant du modèle social européen. Ce chef d'une entreprise familiale spécialisée dans l'hôtellerie est convaincu que le secteur privé, avec des entreprises qui paient des impôts, doit être le socle de la reconstruction de l'économie et d'un État vraiment protecteur pour tous les citoyens.
Le pétrole n’est pas sa priorité ?
L’exploitation des fabuleuses réserves en or noir de l'Orénoque est aujourd'hui quasiment l’unique pourvoyeur de richesse, mais pour Ricardo Cusanno, ce sera le secteur le plus difficile à faire redémarrer, en raison de la gestion catastrophique de cette poule aux œufs d'or contrôlée par l'État. Pour sortir de la dépendance au pétrole l'urgence pour lui est la relance des entreprises privées ; 60% d'entre elles ont disparu. Les survivantes ne travaillent qu’au quart de leur capacité. Avec des bouts de chandelles : le crédit à la production comme à la consommation a quasiment disparu, la capacité des prêts bancaires est au maximum de 200 millions de dollars pour l'ensemble du pays, des moyens ridicules selon Ricardo Cusanno. « Grâce à Dieu il y a le dollar », a déclaré récemment le président Nicolas Maduro. Ricardo Cusanno en rit jaune: « Le dollar peut même convertir un athée au christianisme ».
Car la monnaie américaine est devenue incontournable au Venezuela
Avec l'inflation à 200 000 % pour cette année, le bolivar n'est plus qu'une monnaie fictive. Dans les échanges en cash, il est progressivement remplacé par le billet vert. Grâce à la libéralisation des changes, et grâce surtout aux dollars envoyés par ceux qui ont fui. Quand il évoque l'exil de ses millions de compatriotes, la voix de Ricardo Cusanno s’étrangle. Il voit cependant dans la diaspora une opportunité pour le Venezuela. Ces hommes et ces femmes qui vivent « dans un pays normal » dit-il, là où l’état de droit est respecté, où le marché fonctionne correctement, seront d'après lui un vecteur idéal pour répandre chez eux les technologies, les investissements qui manquent, et surtout la culture de la démocratie libérale que vingt ans de chavisme ont totalement étouffée.
Comment le patronat vénézuélien envisage l’avenir politique du pays ?
Officiellement la Fedecamaras souhaite l’organisation d’une élection présidentielle équitable. En réalité les patrons vénézuéliens savent que cet objectif n’est pas très réaliste, ils misent plutôt sur un accord de transition entre le régime en place et l’opposition. Ricardo Cusanno dit parler avec tout le monde, avec le gouvernement parce que son organisation veut jouer la carte de la légitimité et du respect des institutions et avec l’opposition dont il se sent le plus proche. Le grand absent de ces échanges plus ou moins formels : l’armée. Cet acteur clé est partout et nulle part, très présent dans l’économie, souligne Ricardo Cusanno mais trop opaque pour apparaitre au grand jour.
►En bref
La Russie inaugure aujourd'hui le nouveau gazoduc qui relie la Sibérie à la frontière chinoise
C'est l'une des nouvelles routes majeures du gaz russe. Deux autres tuyaux stratégiques seront prochainement inaugurés. Le TurkStream au Sud pour son allié turc et le NordStream 2 au Nord, destiné à l'Allemagne, son plus gros client en Europe de l'Ouest.
L'administration américaine doit publier ce lundi son rapport sur la nouvelle taxe française appliquée aux géants du numérique. Les Américains pourraient appliquer des mesures de rétorsion : 27 entreprises sont concernées, et pas seulement les GAFA de Californie, elles avaient jusqu'au 1er décembre pour s'acquitter de cet impôt.