Déserts médicaux: à Nevers, des «médecins volants» attendus comme «une bouffée d'oxygène»
Dans la Nièvre, au sud de Paris, plus de 20% des habitants ne peuvent pas se rendre chez le médecin en cas de besoin. Pour y remédier, la mairie de Nevers a lancé un pont aérien : des allers-retours Dijon-Nevers à la journée pour acheminer des médecins dont la spécialité est sous-représentée, voire absente.
Accueillis à bras ouverts, les huit médecins qui inauguraient la nouvelle liaison aérienne – une opération baptisée « Flying Doctors » – vont permettre, au moins un jour par semaine, au centre hospitalier de Nevers de respirer. « On est en souffrance sur la neurologie, sur la pneumologie, sur les urgences, énumèreJean-François Segovia, directeur de l’hôpital. On a une densité médicale de 68 médecins pour 100 000 habitants, quand elle est le double en moyenne en France et le quadruple à Paris. C’est une bouffée d’oxygène que va nous apporter Dijon. On pense que l’on va pouvoir développer le dispositif pour une offre de soins digne du XXIe siècle. »
Un vol comme celui-ci coûte plus de 5 000 euros au centre hospitalier. Une somme qui reste en dessous du coût d’embauche des médecins « mercenaires », comme on surnomme ces intérimaires à qui on fait appel ponctuellement. Mais le coût environnemental de ce vol de 45 minutes est pointé du doigt par les citoyens nivernais.
Trouver des médecins
Pour Philippe Cordier, l’adjoint au maire en charge de la santé, et ophtalmologue de formation, la question ne se pose pas. « Trente patients qui se rendent à Dijon en consultation dermatologie ou rhumatologie représentent le vol qui a atterri ce matin. Notre problème, c’est de trouver des médecins généralistes et spécialistes qui viennent s’installer définitivement dans la Nièvre… C’est une solution qui ne doit pas être pérenne. Mais c’est une solution. »
Priorité à la santé des patients. C’est ce qui a poussé la chirurgienne Alice Brie à embarquer. Mais elle comprend que de jeunes médecins comme elle se fassent rares à Nevers. « On cherche une ville au plus proche de nos amis, de notre vie de famille, des infrastructures importantes comme l’école, les lycées, etc. À Dijon, il y a pratiquement tout, justifie-t-elle. On a pas mal de patients âgés notamment et pas forcément "déplaçables". Donc si on peut, nous, venir les voir, c’est bien. »
La ligne pourrait accueillir d’autres passagers que des médecins, notamment dans les mois à venir. Car aucun train ne circulera pendant près de sept mois entre Nevers et Dijon. Le chemin de fer, lui aussi, est en souffrance.