Pourquoi le vieillissement de la population va faire baisser notre niveau de vie
Selon le dernier rapport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), l’Europe vieillit à un rythme tel que, sans action rapide, le niveau de vie pourrait reculer dans les prochaines décennies. Depuis plusieurs décennies, l’Europe vieillit. La pyramide des âges, autrefois en forme de triangle – beaucoup de jeunes à la base, peu de personnes âgées au sommet – ressemble aujourd’hui davantage à une amphore, voire à un tonneau. La population active, celle des 15-64 ans, se réduit tandis que la proportion de seniors augmente rapidement. Selon la BERD, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, si rien ne change, le vieillissement retirera environ 0,36 point de croissance par an d'ici à 2050 dans une large partie de l’Europe. Sur le temps long, l’impact est considérable : c’est un risque clair de baisse du niveau de vie. Dans une économie, ce sont les actifs qui produisent l’essentiel de la richesse et qui financent les retraites ainsi qu’une partie importante des dépenses publiques. Quand leur nombre diminue relativement au reste de la population, la richesse produite par habitant finit par stagner, voire reculer. À lire aussiLa démographie ou l'enjeu économique de ces dix prochaines années Pourquoi le vieillissement pèse sur le niveau de vie Trois raisons principales expliquent ce ralentissement. D’abord, la plus évidente : moins de travailleurs, c’est moins de production. La croissance est mécaniquement freinée. Ensuite, les entreprises investissent en fonction de la demande future. Si la population active stagne ou diminue, les entreprises sont moins incitées à construire de nouvelles usines et à acheter de nouveaux équipements. Résultat : la productivité est plus faible. Enfin, lorsque les jeunes générations se réduisent, c’est l’innovation elle-même qui s’essouffle : moins de chercheurs, moins d’entrepreneurs et moins d’inventeurs, avec, à terme, moins de croissance. L’Europe n’est pas le seul continent concerné, mais elle est l’un des plus exposés. La Chine, le Japon ou encore la Corée du Sud connaissent des dynamiques similaires. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la fenêtre démographique se refermera d'ici à une dizaine d’années : ces pays vieilliront à leur tour. À l’inverse, l’Afrique subsaharienne, très jeune, pourrait profiter d’un volant de croissance, à condition de créer suffisamment d’emplois productifs. Quelles solutions pour atténuer les effets du vieillissement ? Plusieurs leviers existent, même s’ils ne suffiront pas chacun isolément. La première solution, souvent impopulaire, consiste à travailler plus longtemps. Reculer l’âge de la retraite permet d’augmenter le nombre d’actifs. Un autre levier majeur est d'améliorer la participation des femmes au marché du travail. Dans certains pays, elles restent sous-représentées. Réduire cet écart pourrait compenser une grande partie de la baisse démographique. La BERD évoque aussi l’immigration. Un sujet sensible, mais potentiellement efficace, est d'accueillir davantage de main-d’œuvre en âge de travailler. Cela permettrait de contrebalancer la diminution des actifs. Enfin, investir dans l’innovation demeure essentiel. L’Histoire montre que la technologie peut compenser une partie du manque de main-d’œuvre. Mais l’Europe reste en retard sur la Chine ou les États-Unis. Pour autant, prévient la BERD, aucune de ces solutions ne suffira seule. Le défi est immense et concerne un nombre croissant de pays. L’enjeu sera de combiner ces leviers pour limiter au maximum l’impact du vieillissement sur le niveau de vie des prochaines décennies.